
On se console
des mots qui buttent
on reste en affût
à la lisère
de nos rêveries
on retourne
les phrases sur elles mêmes
jusqu’au lieu
où jaillissent
les anciennes prières
dont on a perdu la langue
et pourtant familières
On se console
des mots qui buttent
on reste en affût
à la lisère
de nos rêveries
on retourne
les phrases sur elles mêmes
jusqu’au lieu
où jaillissent
les anciennes prières
dont on a perdu la langue
et pourtant familières
on fouille encore
à s’écorcher les ongles
on chemine
à perdre le souffle
au creux du ventre
la promesse
le fruit
que la vie
ne doit pas trahir
le lieu secret
où l’on arrive nu
sans projet
il suffit
d’un seul arbre
au bord du marécage
le pas s’avance
et trouve appui
sur la surface
les mots reprennent
le mouvement de la vie
le chemin
s’arrime au désir retrouvé
Polir le bruit
des mots
amener la phrase
au plus simple
enlacer
le silence
que le chant
ne soit plus
qu’un souffle dans le vent
ce qui se chuchote
au soir
comme une berceuse
ces mots du fond des âges
ont la douceur
du ventre des mères
on voudrait s’envelopper
des voix anciennes
devenir à soi même
un ancrage sur le chemin
Tu te tiens
main dans la main
avec la colère
tu avances
dans la forêt
en compagnie des démons
aux masques grimaçants
il n’y a plus de peur
juste les mouvements sauvages
à recoudre
aux yeux du jour
N’aies
pas peur
si ton corps
se disjoint
habite l’instant du vide
où le souffle se perd
il y a à mourir
encore un peu
juste avant le vide
la lumière fait silence
Comme une main
sur l’épaule
immobile depuis longtemps
elle est là
depuis tant de temps
qu’on aurait pu oublier
sa douceur
ce qui palpite
en silence
dans le lieu secret
où coule une rivière
depuis toujours
On demeure
dans le lieu secret
juste sous la terre
le corps accueilli
dans sa matrice
par l’orifice
les yeux suivent
le mouvement des ombres
le passage du temps
se suspend
on appartient
nous aurons mesuré
notre nécessaire
nous autres
nous ne chercherons plus
au delà de la peau
la caresse du monde
nous saurons alors
garder en présence
la lumière et son ombre
nous cueillerons en douceur
l’ avènement