
On ne sait pas
ce qui reprend
après le temps étal
quelque chose comme la vie
une sorte de danse solitaire
où la peau se dissout
par manque de main posée
sur l’épaule
on ne sait pas
et pourtant
on sent
l’infime du jour qui résiste
On ne sait pas
ce qui reprend
après le temps étal
quelque chose comme la vie
une sorte de danse solitaire
où la peau se dissout
par manque de main posée
sur l’épaule
on ne sait pas
et pourtant
on sent
l’infime du jour qui résiste
elle laissera
la porte entrouverte
une feuille blanche
restera
sur la table de la cuisine
pour accueillir
les mots orphelins
Que sont les jours
sans mots
une vie suspendue
au fil du jour
un souffle arrêté
presque une tombe
sans nom
Qui sont
ces regards
sans visage
où sont les mains
qui ne se tendent plus
les bouches
tissent-elles encore un sourire
comment faire corps
tu te retournes sur toi-même
comme un chien
en quête de sa propre chaleur
On serait tombé
de l’autre côté du mur
au fond du puits
comment prendre appui
sur les parois humides
il n’y a plus de main
qui se tend
et pourtant
pour échapper à l’obscur
l’œil s’arrime au ciel
ce serait
comme la fraîcheur d’un matin
une nouvelle naissance
au creux de l’hiver
on aurait renoué
avec l’esprit d’enfance
la main du monde
où prendre appui
Tu ouvres l’œil
à la mesure du monde
tu fais taire
les langues du malheur
tu te déprends des tentacules
de la colère
tu abouches ton corps
au monde en suspens
le fil du pas
ouvre en paysage
ce qui s’était refermé
il suffit
d’un seul arbre
au bord du marécage
le pas s’avance
et trouve appui
sur la surface
les mots reprennent
le mouvement de la vie
le chemin
s’arrime au désir retrouvé
Polir le bruit
des mots
amener la phrase
au plus simple
enlacer
le silence
que le chant
ne soit plus
qu’un souffle dans le vent
ce qui se chuchote
au soir
comme une berceuse
ces mots du fond des âges
ont la douceur
du ventre des mères
on voudrait s’envelopper
des voix anciennes
devenir à soi même
un ancrage sur le chemin