
On ne sait pas
ce qui reprend
après le temps étal
quelque chose comme la vie
une sorte de danse solitaire
où la peau se dissout
par manque de main posée
sur l’épaule
on ne sait pas
et pourtant
on sent
l’infime du jour qui résiste
On ne sait pas
ce qui reprend
après le temps étal
quelque chose comme la vie
une sorte de danse solitaire
où la peau se dissout
par manque de main posée
sur l’épaule
on ne sait pas
et pourtant
on sent
l’infime du jour qui résiste
Que sont les jours
sans mots
une vie suspendue
au fil du jour
un souffle arrêté
presque une tombe
sans nom
Qui sont
ces regards
sans visage
où sont les mains
qui ne se tendent plus
les bouches
tissent-elles encore un sourire
comment faire corps
tu te retournes sur toi-même
comme un chien
en quête de sa propre chaleur
Dans la lumière oblique
on distingue chaque grain de poussière
en suspension
on entre dans la danse
à cheval sur le souffle
on retrouve la joie
des temps d’avant la survie
on renoue
avec l’innocence d’être là
ce serait
comme la fraîcheur d’un matin
une nouvelle naissance
au creux de l’hiver
on aurait renoué
avec l’esprit d’enfance
la main du monde
où prendre appui
On passe la porte
de la lumière
on sait qu’on aura
à s’occuper des cicatrices
les croix seront vides
il nous suffira
de suivre
la silhouette apparue
l’âme
couronnée
d’un bois de cerf
Tu ouvres l’œil
à la mesure du monde
tu fais taire
les langues du malheur
tu te déprends des tentacules
de la colère
tu abouches ton corps
au monde en suspens
le fil du pas
ouvre en paysage
ce qui s’était refermé
On se console
des mots qui buttent
on reste en affût
à la lisère
de nos rêveries
on retourne
les phrases sur elles mêmes
jusqu’au lieu
où jaillissent
les anciennes prières
dont on a perdu la langue
et pourtant familières
on fouille encore
à s’écorcher les ongles
on chemine
à perdre le souffle
au creux du ventre
la promesse
le fruit
que la vie
ne doit pas trahir
le lieu secret
où l’on arrive nu
sans projet
il suffit
d’un seul arbre
au bord du marécage
le pas s’avance
et trouve appui
sur la surface
les mots reprennent
le mouvement de la vie
le chemin
s’arrime au désir retrouvé