( Photographie de Virginie )
On voudrait
savoir
que dit-elle
de nos défaites
cette bouche close
que disent
de notre fatigue
ces yeux fermés
on voudrait
peigner
avec délicatesse
ces cheveux immobiles
et suivre du doigt
chaque fissure
du temps
on voudrait
caresser
encore une fois
la présence
on voudrait
parfois
s’éloigner
des gouffres
et garder notre corps
à l’abri des tempêtes
ce serait oublier
que la blessure
ouverte
pourrait devenir
un refuge
en accueil
(travail et photographie de M.D.)
offertes
au regard
les fragiles traces
du vol
se déposent
elles se déplient
en transparence
maquant l’air
de leur empreinte
tu restes ainsi
laissant ta peau
vibrer
dans cette rencontre
qui allège
du temps
ce qui advient
alors
comme un assemblement
du souffle
A voir
les nuages
caresser
la surface
on pourrait
oublier
le passage des tempêtes
déprendre l’oeil
des reflets
qui bougent doucement
regarder
face à face
la beauté
des cicatrices
s’advenir enfin
paysage
La terre et l’eau
se mêlent
au ciel
avec tendresse
tu deviens
le brin d’herbe
immobile
tu contemples
les mouvements
qui vibrent
juste sous la surface
ce qui semblait séparé
d’unit alors
dans une même texture
et la lumière
chantonne
comme pour nous bercer.
(photographie de Moka63)
Dans le froid
de l’hiver
certains lancent
au ciel
des trognes
qui nous ressemblent
ils restent là
dressés
comme en invitation
au sol
corps et troncs
s’unissent
dans la même ombre
(Céramiques de M.D.)
On garde
une mémoire étrange
d’un temps
où le corps
était contenu
dans une chaleur
douce et humide
parfois
on rencontre
une forme
en creux
qui pourrait envelopper
notre peau
si fragile
alors
on respire libre
en habitant l’instant.
sur la pointe des pieds
on ne fait pas de bruit
on reste en appui
quand ça s’ouvre
bref
comme une lumière
(Photo de J. C)
Les dentelles de glace
enveloppent de silence
le murmure de l’eau
l’œil se décille
et entre dans la tendresse
de cette rencontre
le pas s’arrête
le souffle se suspend
un peu
alors ton corps
prend place dans la lumière
de cette intimité dévoilée
Que dit de nous
le silence
quand il coïncide
avec notre attente
d’une pierre
où demeurer
et le pas
qui reprend
Traces du souffle 