
Dans la lumière oblique
on distingue chaque grain de poussière
en suspension
on entre dans la danse
à cheval sur le souffle
on retrouve la joie
des temps d’avant la survie
on renoue
avec l’innocence d’être là
Dans la lumière oblique
on distingue chaque grain de poussière
en suspension
on entre dans la danse
à cheval sur le souffle
on retrouve la joie
des temps d’avant la survie
on renoue
avec l’innocence d’être là
ce serait
comme la fraîcheur d’un matin
une nouvelle naissance
au creux de l’hiver
on aurait renoué
avec l’esprit d’enfance
la main du monde
où prendre appui
Tu ouvres l’œil
à la mesure du monde
tu fais taire
les langues du malheur
tu te déprends des tentacules
de la colère
tu abouches ton corps
au monde en suspens
le fil du pas
ouvre en paysage
ce qui s’était refermé
On se console
des mots qui buttent
on reste en affût
à la lisère
de nos rêveries
on retourne
les phrases sur elles mêmes
jusqu’au lieu
où jaillissent
les anciennes prières
dont on a perdu la langue
et pourtant familières
on fouille encore
à s’écorcher les ongles
on chemine
à perdre le souffle
au creux du ventre
la promesse
le fruit
que la vie
ne doit pas trahir
le lieu secret
où l’on arrive nu
sans projet
il suffit
d’un seul arbre
au bord du marécage
le pas s’avance
et trouve appui
sur la surface
les mots reprennent
le mouvement de la vie
le chemin
s’arrime au désir retrouvé
Polir le bruit
des mots
amener la phrase
au plus simple
enlacer
le silence
que le chant
ne soit plus
qu’un souffle dans le vent
ce qui se chuchote
au soir
comme une berceuse
ces mots du fond des âges
ont la douceur
du ventre des mères
on voudrait s’envelopper
des voix anciennes
devenir à soi même
un ancrage sur le chemin
Tu te tiens
main dans la main
avec la colère
tu avances
dans la forêt
en compagnie des démons
aux masques grimaçants
il n’y a plus de peur
juste les mouvements sauvages
à recoudre
aux yeux du jour
On demeure
dans le lieu secret
juste sous la terre
le corps accueilli
dans sa matrice
par l’orifice
les yeux suivent
le mouvement des ombres
le passage du temps
se suspend
on appartient